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À l’occasion du festival Cinéma du réel, le festival international du film documentaire (du 21 au 3 mars à Paris), Télérama a rencontré quatre réalisateurs venus d’horizons lointains dont un jeune réalisateur russe Alexandre Abaturov (*) …
Pourquoi filmer le réel ?
Je ne vais pas faire mon Sibérien qui a rêvé de faire du cinéma toute sa vie dans sa petite ville du bout du monde (la troisième ville de Russie quand même), mais c’est un peu ça. Les possibilités d’étudier le cinéma chez moi étaient à peu près nulles, le métier est pénible parce qu’il faut toujours rendre des comptes aux autorités, je suis donc venu tenter ma chance en France et je suis tombé sur le programme d’enseignement du documentaire à Lussas dans l’Ardèche. J’étais mal dégrossi, totalement novice en la matière. Quand on m’a demandé quel était mon documentariste préféré, lors de mon entretien de motivation, j’ai répondu Michael Moore et les enseignants n’ont pu s’empêcher de rire. Je n’en connaissais pas d’autre. J’ai découvert un monde dont j’ignorais l’existence et qui m’a passionné, celui du documentaire de création qui cherche une forme et des moyens originaux pour s’adresser au spectateur. Je me suis trouvé bien dans ce « cinéma du réel », l’expression me parle, c’est un regard particulier, un cinéma en direct, comme une forme de jazz où l’on improvise en fonction du sujet que l’on filme, sans rien prévoir à l’avance.
Quels sont vos guides et influences ?
Les films de zombie ! Je ne plaisante qu’à moitié. J’ai une cinéphilie et des goûts particuliers, du fait de l’endroit où j’ai grandi. Les films étaient très peu accessibles et je me suis fabriqué une culture très personnelle, très éclectique dont les piliers sont quand même Kubrick et Tarkovsky. Je reviens toujours à leurs films car ils me disent qu’on peut toujours apporter quelque chose de nouveau avec la simple force de son regard, qu’il est toujours possible d’inventer, même si tous les films ont été faits et toutes les histoires racontées. Sinon, côté documentaire, le premier choc a été Sans Soleil de Chris Marker qui m’a fait découvrir que ce genre permet de déployer un univers entièrement personnel, sans rapport avec l’actualité. Et j’ai ensuite été marqué par la flamme poétique de Johan Van der Keuken et sa manière de faire dialoguer le son et l’image. C’est un guide pour moi.
On me dit aussi que je fais un cinéma très « russe », que l’on retrouve chez moi des échos de Dziga Vertov ou d’Eisenstein. Je ne les ai découvert que sur le tard, quand j’étais en France, mais ils me parlent, c’est vrai. Question de gêne peut-être ou d’inconscient collectif.
Lire la suite de l’interview sur le site de Télérama.
Médias en Russie‘s insight:
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(*) Alexandre Abaturov est né en 1984, il a grandi à Novossibirsk en Sibérie, fait ses études à Ekaterinbourg et ses premières armes dans une agence de presse russe. Pour mettre le cap sur le cinéma, passion de jeunesse, il est venu poursuivre des études en France et il est retourné au fin fond de la Sibérie pour réaliser son premier long métrage, Les Âmes dormantes, à l’heure des élections présidentielles de 2012. Un regard grinçant et décalé sur le délitement du système.